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  • Photo du rédacteurL'historienne

Ni vidéastes, ni chanteurs, mais stars du net : les commerçants de L'Aigle

Dernière mise à jour : 23 mai 2020

Ils ne sont ni vidéastes, ni chanteurs, et pourtant, de joyeux commerçants de L'Aigle, en Normandie, ont fait le buzz avec une vidéo auto-produite pour faire passer un message : 𝙪𝙣𝙚 𝙫𝙞𝙡𝙡𝙚 𝙖𝙫𝙚𝙘 𝙙𝙚𝙨 𝙘𝙤𝙢𝙢𝙚𝙧𝙘𝙚𝙨 𝙚𝙣 𝙘𝙚𝙣𝙩𝙧𝙚-𝙫𝙞𝙡𝙡𝙚 𝙚𝙨𝙩 𝙪𝙣𝙚 𝙫𝙞𝙡𝙡𝙚 𝙦𝙪𝙞 𝙫𝙞𝙩. They will survive! Laissez-moi vous raconter l'histoire de ce projet un peu fou... 



Après deux mois de confinement, la plupart des commerces non alimentaires ont pu rouvrir leurs portes en respectant de nouvelles normes sanitaires strictes pour éviter une nouvelle propagation du Covid-19. Deux mois sans salaires, sans chiffres d’affaires, mais aussi avec des charges fixes (loyers, stocks…) et le chômage partiel à avancer à leurs salariés. Les aides de l’Etat sont parfois bien insuffisantes. De plus, pendant le confinement, internet et la grande distribution ont pu continuer de vendre des produits non alimentaires, créant un sentiment d’injustice auprès des « petits » commerçants.


Il n’y a qu’une seule solution pour que les commerces de centre-ville subsistent : que les clients viennent consommer dans leurs boutiques dès le confinement levé. Mais comment faire prendre conscience aux habitants qu’une ville sans commerces est une ville qui se meurt ?


Et si on faisait une vidéo ?


Dans la ville de L’Aigle, en Normandie, l’association regroupant la plupart des commerçants du centre-ville, a eu l’idée de faire une vidéo pour faire passer leur message. Confinement oblige, il était compliqué de réaliser les images des commerçants et de leurs boutiques qui avaient alors leurs rideaux baissés depuis le mois de mars.


Une première maquette vidéo en forme d'acte de décès des commerces…


Les vendredis après-midi sont généralement animés dans le centre-ville, mais en période de confinement, malgré les magasins autorisés à ouvrir, les rues étaient désertes. N’ayant pas pu récupérer d’autres images tournées à d’autres périodes dans les boutiques, c’est avec ces seules images que j’ai réalisé une première vidéo. Avec des images de rues vides, elle reflétait l’humeur morose des commerçants : en noir et blanc, au son d’un gong, la vidéo de 30 secondes titrait « Une ville sans commerces est une ville morte. Après le confinement, faites revivre votre centre-ville ». Vidéo coup de poing. Autant dire que cela ne permettait pas de garder le moral, et que la négativité de la vidéo était à double tranchant…


Et si on reprenait la chanson « I will survive » ?


Un beau matin, au réveil, une idée émerge : « Et s’ils se filmaient eux-mêmes ? Et si je leur proposais une reprise de I will survive ? ». Car oui, ils veulent survivre, ils en ont la volonté, et ce titre est fédérateur en rappelant l'effet coupe du monde de 1998...

1 - Est-ce réalisable ?


Pour reprendre une chanson, même parodique sur les réseaux sociaux, la première chose à faire est de trouver une bande son dont les droits sont cédés. Après une version découverte sur https://www.version-karaoke.fr -adaptation de la version I will survive de Hermes House Band-, un mail leur a été envoyé pour détailler le projet. Celui-ci a été accueilli avec enthousiasme avec une autorisation à titre gracieux d’utiliser la bande son, à condition de bien créditer l’origine. Une fois cette première barrière levée, il n’y avait plus qu’à écrire les paroles, fruit des nombreuses conversations avec différents commerçants, et cette fois-ci l’espoir pouvait renaître à travers ce projet ! Pour que les commerçants puissent se projeter, il ne manquait plus qu’à faire la maquette de la vidéo avec les paroles montées sur la musique… et attendre de recevoir leurs différentes prestations !

2 - Est-ce facile de s’improviser vidéaste et chanteur ?


Même si l’idée en a enthousiasmé plus d’un, la plupart des commerçants n’est à l’aise ni avec son smartphone, ni avec le chant. Un petit groupe de leaders a donc essayé d’entraîner ses confrères dans l’aventure en les mettant à l’aise. Cette vidéo montre que même si on n’est ni vidéaste, ni chanteur, on peut quand-même être diffusés sur Radio Nostalgie et sur France 3 !

 

3. Un montage compliqué… mais vivant !

Chacun s’est filmé comme il a pu, en suivant des paroles qu’il ne connaissait pas ou peu, et avec des tonalités et des nuances différentes. Ce n’est pas le Chœur de Radio France, mais ils ont mis leurs cœurs dans ce projet, imparfait mais authentique. Le montage est de ce fait compliqué : les rythmes, les tonalités étaient tous différents, il y a des photos, des vidéos filmées verticalement avec des smartphones… Bref, en tant que vidéaste, ce n’est certes pas le plus beau film que j’ai réalisé, mais il a été fait dans la joie de la résilience et de l’improvisation !



Et le buzz dans tout ça ?


Cette vidéo postée sur la page Facebook de L’Aigle Shopping le dernier samedi soir du confinement, a atteint 50000 personnes en 24h alors que leur page comptait 800 abonnés… et ce n’est pas fini !

Les médias s’y sont intéressés pour différentes raisons :

  • le moment de la diffusion, le dernier week-end du confinement, collait parfaitement à l’actualité et à un sujet commun à toutes les villes, toutes les régions qui ont connu le confinement,

  • la démarche était originale. Beaucoup ont chanté pour soutenir les héros du quotidien, mais aucun chef d’entreprise n’avait encore chanté avec d’autres confrères pour dire que eux aussi, comptaient sur leurs clients pour faire revivre la vie locale.

  • l’authenticité de cette vidéo : il n’y a pas de prise de tête, tout s’est fait avec naturel et joie.

  • le succès appelle le succès…


Et s’ils pouvaient compter sur nous ?


Nos commerçants jouent leurs survies économiques avec le déconfinement, et ils sont bien conscients que tout doit se faire dans les règles sanitaires strictes, car rien ne serait pire qu'un deuxième confinement.

Le "click & collect", ils l'ont toujours pratiqué : un appel, un message, le produit est réservé. Ce n'est pas une nouveauté. Certains livraient aussi à domicile bien avant le confinement.

De plus, faire des achats dans un centre-ville semble plus sécurisant que dans une grande surface close :

  • les allées (la rue) sont aérées,

  • les produits sont manipulés par une seule personne (le commerçant),

  • les entrées dans chaque rayon (magasin) sont contrôlées pour respecter les distances de sécurité et les flux,...

Ils comptent sur nous : et si on jouait le jeu ?
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